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L’habitat

Dans le voisinage du sanctuaire, de la place de marché, et de l’esplanade publique, se côtoient plusieurs parcelles d’habitation.

La fouille de l’oppidum a permis de mettre au jour au moins une dizaine d’unités à caractère domestique qui s’insèrent dans un parcellaire régulier établi dès l’origine de la ville. En raison de leur fragilité, les bâtiments ont été presque entièrement arasés par les charrues. Il n’en subsiste souvent que la première assise de fondation : les empierrements de gros blocs de basalte délimitent des sols et des murets en pierre ; les espaces restants sont criblés de tranchées et de trous, correspondant au négatif d’implantation de poteaux et de cloisons en bois. D’autres secteurs, jonchés de tessons d’amphores à vin importées d’Italie, dessinent des sols de circulation : cours, voies ou ruelles…

Les maisons

Plusieurs unités d’habitations ont été mises au jour sur l’oppidum de Corent. Bien loin de l’image de simples huttes rondes aux toits de chaume, ces bâtisses constituent de véritables fermes, insérées dans une trame urbaine complexe et structurée.

L’architecture domestique, telle que l’on peut l’appréhender au travers des habitats fouillés à ce jour, semble toujours répondre au même schéma d’organisation. Sur le terrain, les semis de trous de poteaux et sablières dessinent le plan du corps de logis principal, construit en terre et bois. La taille des fosses d’implantation permet d’envisager un bâtiment construit sur deux étages.

A l’intérieur, l’espace peut être cloisonné en plusieurs unités d’habitation. La pièce principale accueille le plus souvent un foyer, centre névralgique de la maison. A l’extérieur, une palissade légère circonscrit un espace de cour. Celle-ci sert de cadre à des activités d’élevage et/ou d’artisanat relativement modeste, restreinte à la sphère domestique. Par ailleurs, chaque habitat semble se doter de structures destinées aux stockages et à la conservation des denrées telles que greniers, celliers ou caves.

Ces îlots d’habitation correspondent, comme sur la plupart des oppida de cette période, à des unités agricoles semblables aux établissements ruraux documentés dans les campagnes de la fin de l’âge du Fer. Ils en reproduisent le plan â une échelle plus réduite, adaptée à l’espace urbain.

Les activités domestiques

A l’intérieur des habitats, de nombreux indices témoignent d’activités domestiques relativement variées. La multitude de restes de récipients en céramique et en métal retrouvés sur les sols des maisons et dans les dépotoirs rend compte de la préparation et de la consommation des aliments. Les vases remplissent de multiples fonctions. Certains pots sont destinés au stockage des denrées tandis que d’autres semblent davantage dévolus à la cuisson, comme en témoigne les traces de feux découverts sur leur parois externes.

Les exemplaires les plus fins et les plus décorés sont utilisés à des fins de présentation et au service. Ces récipients sont conformes à une alimentation essentiellement constituée de bouillies de céréales et de viande, consommées à l’aide de cuillers en bois qui n’ont pas été retrouvées.

Certains objets mettent également en lumière un artisanat exercé à l’intérieur de la sphère domestique. Des centaines de fusaîoles en terre cuite jonchent le sol des maisons et témoigne du travail du textile. Leur omniprésence montre que le filage représentait une activité quasi quotidienne, pratiquée toute l’année durant. Plusieurs aiguilles et alènes en bronze, également recueillies dans les unités d’habitation, témoignent de menus travaux de couture ou de réparation du textile et du cuir.

Le stockage et la transformation des céréales issues de l’agriculture fait également partie intégrante du quotidien. Dans les cours attenantes aux bâtiments, plusieurs structures sur quatre poteaux sont interprétées comme des greniers aériens, servant à la conservation et au séchage du grain. Le produit de la récolte est ensuite moulu et transformé en farine pour la préparation du pain. A Corent, cette activité quotidienne est documentée par la découverte de nombreuses meules rotatives.

Le feu et l’eau

A Corent, chaque unité d’habitation est pourvue d’un espace de feu, destiné à la cuisson des aliments, au chauffage mais aussi à l’éclairage des parties communes. Généralement situés dans l’une des pièces principales, légèrement enfoncés dans le sol, ces foyers se matérialisent par de petits amas d’amphores ou de pierres concassées, de forme souvent circulaire. Il s’agit de la sole du dispositif, recouverte à l’origine d’une fine couche d’argile qui assurait une meilleure conservation de la chaleur et une isolation contre le risque d’incendie. A ces structures s’ajoute la découverte de nombreux fragments de plaques de foyer et chenets en terre cuite dans les habitats. Dans l’un des bâtiments, un petit quartz taillé a été découvert à proximité d’un foyer, interprété comme une pierre de briquet servant à l’allumage.

L’approvisionnement en eau est également bien documenté. Plusieurs sources garantissaient un approvisionnement continu en eau potable. En marge de certains habitats plusieurs citernes domestiques ont été découvertes. Excavées dans le substrat volcanique, ces fosses devaient être à l’origine cuvelées à l’aide de planches en bois. Elles étaient remplies par ruissellement des eaux de pluie, tombées des toitures ou filtrées par les veines qui parcourent la table basaltique. Dans l’un des habitats, une citerne se distingue par ses dimensions et par le soin apporté à sa confection. Elle est pourvue d’un parement en pierre sèche constitué de plusieurs assises de moellons de basalte équarris et soigneusement empilés. Les trous de poteaux qui l’entourent suggèrent la présence d’un appentis de protection, adossé corps principal du bâtiment. A proximité, Un carré de quatre amphores disposées tête-bêche pourrait correspondre à un système de recueil des eaux de pluie.

Caves et celliers domestiques

La plupart des habitats de Corent sont dotés de structures de conservation pour les denrées périssables sensibles au dessèchement de l’air ou à la lumière du soleil, tels que la viande, le poisson, les produits laitiers ou le vin.

Documentés en de nombreux points du site, les celliers sont de petites fosses de forme carrée ou rectangulaire aux angles arrondis, larges d’un à deux mètres pour moins d’un mètre de profondeur. Leur creusement est encadré par des empreintes de poutres indiquant qu’il était revêtu de bois à l’origine. Ils s’apparentent donc à une sorte de coffre semi-enterré, dont la fermeture s’effectuait par l’intermédiaire d’une trappe. Généralement installés dans l’un des angles des bâtiments, ces « garde-mangers » occupent une part restreinte de l’espace habité. Ils sont utilisés pour le stockage de denrées alimentaires consommées à l’échelle domestique, dont la conservation nécessite une atmosphère fraiche et humide.

Certains espaces de stockage se distinguent par leurs dimensions nettement plus massives. Un habitat fouillé en bordure de l’esplanade reposait en partie sur une véritable cave creusée dans le socle basaltique naturel. D’une capacité de stockage vingt fois supérieure à celle des petits celliers, son creusement était suffisamment profond pour que l’on puisse s’y tenir debout et circuler à l’intérieur. Recouvert par le plancher du bâtiment dont la fouille a révélé les trous de poteau et les sablières, il était pourvu dans un angle d’un dispositif d’emmarchement taillé dans le rocher qui en permettait l’accès.